La sincérité est probablement la qualité humaine la plus appréciée. Toute personne, dans quelque situation qu’elle se trouve (romantique, platonique ou autre) affirme rechercher par-dessus toute autre chose l'honnêteté chez l’autre. Pourquoi y a-t-il alors si peu de personnes sincères et tant d'autres fourbes ? La sincérité est-elle une caractéristique innée ou s'apprend-elle ? Avant de répondre à cette question essentielle qui pourrait changer notre comportement futur, nous devons d'abord définir ce qu’est la sincérité. Selon le dictionnaire, la sincérité est « l'absence de feinte ou de ruse ». Le Thésaurus poursuit avec une liste de synonymes et de quasi-synonymes, comme suit : « Franchise ; loyauté, allégeance. Honneur, honnêteté, équité, probité, intégrité. Foi, fidélité, dévouement. Naturel, simple, spontanéité, équanimité. Innocence, pureté, candeur ; naïveté, crédulité. Confiance, révélation, divulgation, confession. Objectivité, impartialité. Vérité, véracité. Vraisemblance (rare) » et la liste continue.
Comme nous pouvons le voir, la multiplicité sémantique de ce mot offre la possibilité de faire un choix quant à la qualification des personnes que l’on appelle sincères. L'étymologie de ce mot nous en apprend beaucoup sur ce qu’il recèle. D’un point de vue folklorique, l'histoire derrière le mot sincérité mérite d'être mentionnée. Dans la Rome antique, une inscription sur bois mentionnait la qualité des poteries ou bien alors une déclaration orale était faite par les marchands : sine cera !
En latin, sine cera signifie « sans cire ». Pour pouvoir contenir de l'eau, les pots d'argile devaient être fabriqués d'une seule pièce et, bien sûr, être imperméables. Comme il pouvait arriver qu'un pot se fissure pour diverses raisons, on utilisait de la cire pour cacher les fissures. Au contact de l'eau, la cire se détrempait et l'eau commençait à couler par ces dernières, rendant ainsi le pot inutilisable. Sine cera était donc la garantie d'un objet authentique. Métaphoriquement parlant, être sincère signifie être « sans cire », c'est-à-dire ne pas porter de masque. Le masque peut prendre différentes formes : il peut aller de la dissimulation de nos intérêts, de nos pensées, de nos émotions, de nos actions, de nos traits de caractère pas vraiment sympathiques, jusqu'au maquillage agressif, cachant les traits naturels du visage. Bien que ma pensée puisse paraître conservatrice, je pense qu'un contouring, qui arrive à transformer complètement la forme de ton visage jusqu'à parvenir à une métamorphose totale, est éthiquement douteux. Je ne fais pas référence ici à un maquillage sobre ou naturel, mais à un maquillage qui te rend méconnaissable, même aux yeux de tes parents.
Outre cette définition de la sincérité (une représentation conforme à la réalité), cela implique également la mise en relation de nos actes, de nos mots et de nos dispositions de cœur, d’âme et d’esprit. C'est un acte volontaire de communication afin de transmettre un message conforme à notre être intérieur dans toute son essence. Il nous faut ouvrir ici une parenthèse. La sincérité est souvent confondue avec la grossièreté et, au final, avec le manque de bon sens et d'empathie. J'ai entendu tellement de fois autour de moi des gens justifier leur impolitesse, et même prétendre être des victimes, par la phrase « mais j'ai été honnête, pourquoi ça t'a contrarié ? » La sincérité ne te donne pas le droit de dire tout ce que tu penses comme tu le penses, sans aucune considération pour les sentiments de ceux qui t'entourent.
L'authenticité est le mot clé de cette équation. Au final, il ne s'agit que d'être en conformité avec soi-même. Mais maintenant se pose une autre question : si cela semble si simple et naturel, pourquoi ne trouve-t-on pas plus de personnes sincères ? Ou, pour en revenir à notre point de départ, pourquoi certaines personnes sont-elles sincères et d'autres pas ? Sommes-nous génétiquement programmés pour être honnêtes ou malhonnêtes ? Je ne le pense pas. Je crois plutôt que nous décidons de ce que nous voulons être. D'un autre côté, bien sûr, notre tempérament dicte notre disponibilité à adopter une position franche sur ce que nous pensons, comme c'est le cas des tempéraments colérique et sanguin. Cela peut aussi indiquer un besoin de se retirer, de s'isoler et une incapacité à exprimer ce que l’on pense – par peur d’être exposé et de s’en trouver vulnérable – comme dans le cas des tempéraments flegmatique et mélancolique. Quoi qu'il en soit, l'éducation dans cet aspect est précédée par notre décision consciente d'être des personnes sincères et honnêtes, et c'est le seul facteur dominant qui peut faire des merveilles, même pour les plus timides et les plus mélancoliques d'entre nous. La cohérence de notre propre réflexion, outre le processus naturel d'évolution et de changement continu de notre vision de la vie, est une question de respect envers nous-mêmes et envers les autres.
La sincérité est aussi l'une des principales qualités qui définit le caractère noble d'un chrétien. Nous sommes responsables d'avoir une relation honnête avec Dieu (« Maintenant, craignez l'Éternel et servez-le avec intégrité (sincérité) et fidélité » – Josué 24:14), ainsi qu'avec les autres. Nous devons être conscients de l'impact de nos paroles et de nos attitudes : « Petits enfants, n'aimons pas en paroles avec la langue, mais en actions et en vérité » (1 Jean 3:18).